La révolution industrielle

Au milieu du XIXème siècle, la région grenobloise connaît un véritable essor ; mue par un dynamisme incroyable elle va faire bénéficier l’industrie moderne alors naissante d’éléments d’expansion fondamentaux.

Parmi les inventions qui se sont concrétisées dans le Dauphiné, nous retiendrons tout particulièrement celle du ciment artificiel qui aura de fortes incidences sur les communes de Vif et du Gua.

C’est en 1812, à l’occasion de la construction du pont de Souillac (Lot) que Louis Vicat, ingénieur des ponts et chaussées invente la « chaux hydraulique », mélange d’argile et de carbonate de chaux qui offre la grande propriété de faire prise sous l’eau en quelques jours. Cette découverte va provoquer une véritable ruée vers la « pierre à ciment » et la région grenobloise offrant un calcaire argileux de bonne qualité, la nouvelle industrie va s’y implanter.
Dans la vallée de la Gresse, entre 1850 et 1860, on dénombre quatre grands centres d’exploitation; mais dans les années 1880 deux cimentiers prendront le pas sur leurs concurrents :
sous-puce verte Le premier, Joseph Vicat, est le fils du célèbre inventeur. Il a construit une première usine au Genevrey de Vif en 1857 pour la fabrication des ciments artificiels à prise lente (Portland) d’après les procédés indiqués par son père. En 1882, il fait bâtir, au même endroit, une nouvelle usine qui permet la double cuisson.
sous-puce verte Le second, Anatole Berthelot, vient cette même année 1882 s’installer au Champa (commune du Gua), tout près de la carrière souterraine dont il est l’exploitant depuis douze ans.
Républicain de la première heure (il est l’ami des Poulat et Edouard Rey), il arrive dans ce village avec toutes ses convictions démocratiques et sait les faire passer puisqu’en 1884 (deux ans seulement après son installation au Champa), il est élu maire du Gua.
Toujours choisi comme délégué sénatorial, il sera aussi dès 1890 délégué cantonal,
puis en 1901 conseiller général.
Plus populaire que jamais auprès de ses administrés auxquels il se mêle volontiers (il est le président d’honneur de la plupart des sociétés du Gua dont il est souvent le fondateur et le généreux donateur), Anatole Berthelot sera reconduit régulièrement en tête de la municipalité, et cela jusqu’à la fin de sa vie.
Cependant sa vie publique ne lui fera pas négliger l’exploitation familiale qu’il dirige avec paternalisme
(il y fonde une caisse de secours immédiat gérée par les ouvriers et entretenue par lui seul).
Travailleur acharné, bon administrateur, il donnera de l’expansion à la cimenterie (150 ouvriers en 1882) et sera près de 40 ans plus tard le concurrent le plus sérieux de Vicat qui finira par l’absorber en 1920.

A partir de ce moment-là, Vicat, qui a transformé juridiquement son entreprise en société anonyme, possède toutes les carrières du Gua et devient le numéro un du ciment dans la région.

Vicat S.A. surmontant les difficultés liées à la crise mondiale de 1931 fait construire en 1937 une usine ultra moderne, au Genevrey, sur l’emplacement de l’ancienne.
Après 1945, Vicat connaît un nouvel essor : c’est la période de reconstruction d’après guerre.
En 1960, 220 employés travaillent à la cimenterie et à la carrière de Champrond.
A partir de 1973, la société abandonne progressivement l’usine du Genevrey devenue vétuste pour investir dans les usines de Voreppe et de Saint-Egrève. La fermeture a lieu en 1976 et les 170 ouvriers du Genevrey et du Gua sont répartis dans les usines citées précédemment (ramassage quotidien en car – 3 x 8h). Aujourd’hui, ils ne sont plus qu’une trentaine à faire la navette entre Le Gua et Voreppe-Saint-Egrève.
La société Vicat a quand même maintenu ses droits d’exploitation sur la carrière de Champrond.